La canne de combat : que des beaux coups
Si tu rêves de faire bien plus avec une canne que marcher avec, mate un peu le sport de ce mois de décembre : la canne... de combat.
Salut à toi, athlète sans peur et sans reproche ! C’est Loïc 😁
Le 18 novembre dernier, l’Association Sportive de Canne d’Arme Paris 11 (ASCA) nous accueillait au gymnase de la Cour des Lions pour un cours de canne de combat. C’est un nom qui claque, non ? En tout cas, n’aies pas peur.
Aujourd’hui, tu vas découvrir un sport atypique, que même un grand maladroit comme moi a pu essayer sans se blesser… ni blesser autrui (mon ami photographe compris). Même avec un bâton en bois de châtaigner d’un mètre et d’une centaine de grammes dans les mains 👇🏾
Si tu te poses la question, non, ce n’est pas un ersatz d’escrime, un gros bout de bois à la place du fleuret. Ensemble, découvrons ce sport. Pas besoin de sommaire compliqué : je vais te parler ① des origines de cette discipline, ② de comment je m’y suis débrouillé, et ③ de ma conversation avec un vrai canniste. Prêt ? (Je suis sûr que tu l’es).
→ La canne de combat, c’est un sport d’ici
Commençons par cette info qui te permettra de briller en société : la canne de combat est un sport de combat… français !
Certes, la France n’est pas le seul pays dans lequel l’accessoire soit devenu une arme bien utile. Mais c’est l’un des rares où son utilisation a donné naissance à un véritable sport. Enfin, une pratique dont les règles précises sont assez récentes.
Dans les années 1970 et 1980, Maurice Sarry (1935-1994), un boxeur française, décide de la codifier, que pratiquait déjà son grand-père. Il dira, au cours d’une interview pour la revue Karaté Bushido au sujet de cette époque : “Je pensais qu’un sport, même si ses racines étaient lointaines, il fallait le faire évoluer et lui donner toutes ses possibilités”.
Aujourd’hui, c’est la fédération française de savate-boxe française (FF Savate) qui est en charge de la canne de combat. En son temps, Sarry en était membre.
→ La canne, pas seulement entre tradition et modernité
Maurice Sarry ne s’est pas contenté de reprendre les méthodes utilisées par les chevaliers du Moyen-Âge pour s’entraîner, ou celles des bourgeois parisiens pour se défendre dans les rues de Paris au XIXe siècle. Il voulait élever la canne de combat au rang d’art martial 🦾
Résultat : cette discipline est un savant mélange de coups efficaces (parce qu’il faut bien toucher son adversaire), et de mouvements rapides, élégants voire acrobatiques. Ce qui demande beaucoup de rigueur… et de spontanéité. Je vais te montrer pourquoi plus tard.
Bon, est-il possible pour une personne dotée de la vivacité d’un lamantin de et la souplesse d’un vélo d’appréhender un tel sport ? La réponse est oui 👀
Pour faire de la canne de combat, on doit avant tout connaître les six différents coups, les seuls acceptés pour qu’une touche soit valide. L’objet de cette séance de découverte a donc été l’apprentissage, en plus du salut, de deux premiers coups : le latéral extérieur et le latéral croisé. Parce qu’il est difficile d’expliquer ces techniques en mots, je laisse des membres de l’ASCA te les montrer en images :
Avant d’entendre parler de ces trois figures, il a fallu s’entraîner, sans casque pour ma part.
Et je te le dis tout de suite… J’ai souffert pendant cet entraînement (tant de sessions de gainage 😱). Néanmoins, c’est bien nécessaire, tant l’entièreté du corps est mobilisée, des pieds aux épaules en passant évidemment par les bras.
Après avoir réussi à récupérer de cet entraînement très intense, on a commencé par la base de la base : comment armer ses coups — car il faut le faire, sinon tes coups ne seront pas valables ! En résumé, avant d’aller tenter de toucher son adversaire, tu dois positionner l’extrémité de celle-ci en dessous de tes épaules.
Tu armes, tu lances ton coup. Tu essayes de toucher ton adversaire, en tendant bien le bras, la canne le prolongeant. Simple… ? Attention ! On est pas en escrime ici 🚫🤺
La touche ne compte pas si elle l’atteint en dehors de la tête, du bas des jambes ou du torse. De plus, interdiction de toucher qui que soit avec la pointe. Les membres de l’ASCA le résument très bien : “On ne cherche pas à blesser l’adversaire, mais à le toucher sans qu’il y arrive”.
Un duel se gagne en atteignant l’adversaire le plus de fois pendant des périodes de deux minutes, devant juges et arbitre. Cela sur un terrain circulaire de 6 à 9 mètres de diamètre selon l’âge (en escrime, on joue sur une bande de 10 à 14 mètres).
Ce qui ne se voit pas dans mes mouvements de grand débutant, c’est que pour éviter de se faire toucher, sauts et feintes sont plus qu’utiles, mais un passage obligatoire. Ce mélange de coups limités et de déplacements à inventer (rigueur et spontanéité) fait de la canne de combat un sport de contact gracieux, très aérien.
Autant donc te le dire tout de suite : je n’ai pas fait le tour de cette discipline vu en une heure et demi, ni même fait de véritable duel. Mais la progression se fait très vite sentir, et on se dit qu’on aurait pas eu trop de mal à survivre dans les rues malfamées du Paris du XIXe siècle. Il ne faut pas hésiter à l’essayer : tu n’y perdras rien (et les courbatures partent vite).
J’ai aimé
→ Les sensations épiques procurées par la manipulation de la canne ;
→ Le faible risque de blessure (on touche avec le tranchant, pas la pointe — sans compter les protections lors des duels) ;
→ La dextérité — et non la force brute — que ce sport demande.
J’ai pas aimé
→ Ne pouvoir qu’entrevoir ce qu’est réellement la canne de combat : il faut un peu de temps pour aller jusqu’à son premier duel !
Pour finir, j’ai pu échanger quelques coups avec un membre de l’ASCA, Mattéo. Âgé de 27 ans, cela fait trois ans qu’il pratique ce sport ! Il a non seulement été volontaire pour contribuer à notre initiation, mais a aussi accepté de répondre à mes questions ☺️
Moi : Pourquoi as-tu choisi de faire de la canne de combat ?
Mattéo : Il y a un véritable esprit de corps dans les clubs. On y trouve beaucoup de gens agréables, avec lesquels on sort boire des coups après les compétitions. Mais j’en fais aussi parce qu’il y a quelque chose d’artistique en plus de la performance physique. C’est un espace de création assez large, qui m’a beaucoup plus attiré que le judo — que j’ai également beaucoup pratiqué auparavant.
Moi : Quel est ton meilleur souvenir en tant que canniste ?
Mattéo : Les Titis Parisiens 2024 ! [Une compétition amicale ouverte à tous les clubs.] C’est à ce moment que je me suis rendu compte que je ne serai peut-être pas le meilleur, mais c’est là où est j’envie de donner le maximum.
Moi : Tu dirais quoi à quelqu’un pour le convaincre d’essayer cette discipline ?
Mattéo : Si tu veux faire quelque chose d’élégant, beau, avec une belle tradition et des gens supers qui la pratiquent, la canne de combat, c’est fait pour toi.
Si ça te tente 👇🏾
S’il existe des clubs qui ne font exclusivement que de la canne de combat (ou une variante avec les deux mains sur la canne, la bâton français), d’autres proposent à la fois ce sport mais aussi de la savate. Tu les trouveras facilement sur le site de la FF Savate ➡️ ffsavate.com/clubs/trouver-un-club/
▶️ Et tout aussi chouette : si tu veux regarder comment jouent de vrais cannistes, laisse-moi te présenter la chaîne YouTube Canne TV ! Pleins de vidéos de compétitions t’attendent là-bas, comme celle juste en dessous ⬇️
À ton tour maintenant ! Canne you do this ?
J’espère que cette newsletter t’a donné envie d’essayer ce sport bien spécial. Cependant, si à Noël, ton grand-père te rend visite portant une canne de marche, ne l’utilise pas pour t’entraîner…
En tout cas, d’ici au prochain numéro courant janvier, je te souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année ! On se retrouve en 2025 ✨
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Merci beaucoup à l’ASCA pour son accueil !
